Le service et la fraternité, la prière: l’annonce de l’évangile dans le respect de chacun,
Pour ceux qui voulaient en savoir un peu plus sur ma conversion:
Témoignage écrit en 2012 dans le magazine "Cédrus Libani"
N°83 "La Nouvelle Evangélisation"
Pour le commander : http://cariscript.fr/html/cl_83.html
(J'ai aussi témoigné dans le N°72 "L'exorcisme")
À l’école de la prière" Par Didier Magne
(Témoignages:Culture.qxd 21/03/2012 03:28 Page 56)
" Je reviens un peu en arrière lors de ma conversion.
Je travaillais alors au musée du Louvre lorsque je me suis converti ; je me souviens que celle que je considère comme avoir été ma mère spirituelle, Yolande, m’invitait à la suivre dans son chemin de foi sans me forcer. Je la regardais parler de Jésus, exhorter, reprendre, enseigner, témoigner auprès de ceux qui travaillaient avec nous ; elle avait un ministère de feu très critiqué, elle en a énormément souffert. Le monde généralement athée que nous croisions, moi y compris, était souvent suspicieux, moqueur voir dédaigneux. Je l’ai vu rire, exulter de la joie de l’Esprit Saint et pleurer, dans son enthousiasme à annoncer l’Évangile. L’Esprit Saint me remuait intérieurement, me dérangeait dans mes certitudes, mes habitudes, mes aprioris. Elle avait le rôle ingrat du taureau qui fonce et ouvre des brèches pour Jésus ; tout en ayant ses propres tords, lacunes, déchirures, ses défauts. Mais le Seigneur ne manquait jamais de confirmer ses paroles par des signes, lui qui nous aime tel que nous sommes ; j’en étais souvent témoin. Elle était évangéliste et moi pécheur pratiquant !
Je la suivais parfois entre deux fêtes bien païennes, par curiosité et par amitié. Nous allions dans des églises évangéliques tout d’abord, où j’y ai observé une foi et une manière de parler à Jésus et de croire en ces réponses, qui m’ont dérangé, bousculé dans ce que j’étais habitué à croire ou à savoir du christianisme. Ainsi, au début, elle parlait de Dieu ou disait avoir une vision, voir le visage du Christ sur un mur par exemple ou entendre sa voix (des choses folles pour le monde incroyant) ; moi et d’autres doutant, ouvrions notre Bible au hasard ou la sienne qu’elle nous tendait, et tombions pile sur le passage qui illustrait ce dont elle parlait ! Une fois, deux fois, trois etc. Le Seigneur nous « prouvait » la véracité de sa présence auprès de ceux qui le servait avec audace et zèle, témoignant en citant sa parole et en faisant preuve de charité.
J’ai vu pour la première fois enelle ce qu’était un chrétien, un véritable disciple du Christ. Elle voyait quelqu’un dans la rue ?
Elle allait lui parler, l’invitait pour la nuit chez elle, s’il était calme et avait l’air honnête. Elle lui servait à manger alors qu’elle-même manquait de tout. Elle lui faisait faire une petite prière et lui offrait un coin pour dormir. Le lendemain, après douche et petit déjeuner, il repartait avec un sandwich… Une leçon d’humanité !
Je l’ai vu imposer les mains certaines fois, spontanément avec l’audace de la foi « au Nom de Jésus » sur des douleurs physiques, les maux d’alors ont disparu ; les gens en témoignaient. Elle m’a appris et poussé à prier, à jeûner, à louer, à veiller des nuits entières dans la prière, à lire ma Bible, fréquenter l’église et à m’intéresser aux pauvres. Ce fut un dur combat pour moi, contre mon orgueil et tout ce que j’avais appris jusqu’ici, contre tout ce que j’étais. Ce fut dur, dur de plier les genoux, dur de me laisser exhorter sans partir en courant, dur de me prosterner devant ce Dieu que je ne voyais pas mais que je sentais là, près de moi grâce à elle. Il me fallait un ouragan pour sortir de mon péché et de mon égoïsme ; et ce fut elle. Mais le Seigneur a mis dans mon cœur une chose incroyable : de l’humilité, celle-là même qui me manquait pour mes proches, pour tous. Il réfrénait mes désaccords, mes critiques et suspicions ; Il écrasait mon orgueil et m’aidait à l’écouter, elle, à la suivre. J’en suis encore extrêmement surpris. Une culture nouvelle de vie m’a été offerte alors qu’à l’époque, dans cette jeunesse, j’étais toujours de fêtes en fêtes, de péchés en péchés et de mensonges en aveuglements. C’était aussi une époque où je souffrais beaucoup tout en me le cachant. Tout cela préparait le terrain. A cette époque le Seigneur m’a extirpé petit à petit, d’un monde qui tournait autour de mon nombril. J’ignorais tout de ce que pouvait être et à quoi pouvait entraîner la sainteté et l’amour profond, incisif, miséricordieux de Celui qui nous aime.
Ma vie commençait à être bouleversée, retournée, soufflée par l’Esprit de feu, l’Esprit Saint. Le Nom de Jésus-Christ commençait à se graver sur mon front et dans mon cœur en lettre de feu. Cela devenait une passion…
Après avoir rencontré des Églises évangéliques et vu différentes manifestations du Seigneur, entendu différentes prêches et lu divers ouvrages, nous nous laissâmes guider vers des Églises protestantes luthériennes où l’on découvrit leur amour de la Parole de Dieu. Cependant les temples me paraissaient sans vie, sans cette « présence» qu’il me semblait ressentir dans une église catholique. Grâce aux chants, à la beauté et à la profondeur de la liturgie des messes de l’église St Gervais-St Protais, où les frères et sœurs de Jérusalem officient, nous repriment goût à la messe.
Je fus guéri d’un lipome de graisse, gros comme un œuf que j’avais porté à la nuque pendant plus d’un mois, lors d’une eucharistie : en quelques instants il disparu !
Prenant conscience du Christ réellement présent dans l’eucharistie et prenant connaissance de la vie des saints, nous revînmes à l’Église Catholique avec un nouveau zèle, une joie débordante…
Après la rencontre avec un sans domicile qui devint mon ami et m’ouvrit les yeux sur la souffrance des sans abris, Jésus toucha mon cœur et j’eu un vif désir de participer à de l’aide humanitaire. Je me mis à prier sur ce sujet, en faisant une neuvaine de prière à Ste Thérèse de Lisieux (9 jours de prière où, avec Thérèse, on intercède auprès du Christ pour une cause particulière).
Le neuvième jour mon meilleur ami vint me voir et me parla… d’aide humanitaire ! Je m’ouvris à lui d’un projet que j’avais en tête : celui d’organiser des maraudes (visite en camionnette des plus pauvres ; à l’époque ce n’était pas répandu) à la rue. Il a été séduit par le projet et m’emmena voir la mère d’un ami qui tenait un Emmaüs. Celle ci nous dit : « les jeunes, vous avez une bonne idée !Voici une camionnette et des denrées, allezy !»
Et l’élan, l’association « A Deux Mains » était née. Nous visitons depuis plus dequinze ans les souffrants, les personnes démunies, à la rue sur Melun (en Seine et Marne 77) et tenons aussi un café social en lien avec notre paroisse. Nous accueillons des mamans avec enfants, des personnes handicapées, RMIstes, personnes âgées…
C’est par l’amour et le service du plus souffrant que débuta un appel à témoigner du Christ. Voici la parole principale que le Seigneur avait mis à mon cœur à l’époque de la création d’«A Deux Mains » :
«Mais le docteur de la Loi, voulant se justifier, dit à Jésus :
« Et qui est mon prochain ? »
Jésus reprit : « Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho,
et il tomba au milieu de brigands qui,
après l’avoir dépouillé et roué de coups, s’en allèrent, le laissant à demi mort.
Un prêtre vint à descendre par ce chemin-là ; il le vit et passa outre.
Pareillement un lévite, survenant en ce lieu, le vit et passa outre.
Mais un samaritain, qui était en voyage, arriva près de lui, le vit et fut pris de pitié.
Il s’approcha, banda ses plaies, y versant de l’huile et du vin,
puis le chargea sur sa propre monture,
le mena à l’hôtellerie et prit soin de lui.
Le lendemain, il tira deux deniers et les donna à l’hôtelier, en disant :
«Prends soin de lui, et ce que tu auras dépensé en plus,
je te le rembourserai, moi, à mon retour. »
« Lequel de ces trois, à ton avis,
s’est montré le prochain de l’homme tombé aux mains des brigands ? »
Il dit : « Celui-là qui a exercé la miséricorde envers lui. »
Et Jésus lui dit : « Va, et toi aussi, fais de même. »
(Lc 10 v. 30-37).
C’est lors de nos premières visites que je vis le Seigneur agir, en se servant des hommes et des femmes bien disposés. Nous visitâmes pendant plus d’un an un homme remarquable, qui buvait beaucoup. Un soir, nous fûmes très émus de le voir souffler des bougies. Il nous révéla qu’il commémorait la mort de sa femme et de sa fille…
Ce soir, « Joël la bohème » nous promit de ne plus boire. Il tenu sa promesse. Après 10 ans de route, il s’était arrêté sous un pont avec sa chienne, qu’il avait sauvée de la noyade ; il s’y était fait une cabane, puis un jardin.
Quand Joël nous accueillait, il nous prenait dans ses bras ; nous savions que l’amitié faisait des merveilles, mais c’est lui qui nous le rappelait. Ce qu’il récoltait chez le boucher, il le distribuait aux plus pauvres que lui dans un repas mitonné avec soin : c’était notre saint François à la rue ! Un jour, sachant que certain d’entre nous étaient chrétiens et qu’il avait exposé une icône du Christ et une statue de la Vierge devant chez lui, il nous demanda de prier avec lui.
Nous avons alors confié sa vie à Jésus et Marie, leurs demandant de prendre la situation en main… Après des années de galère et de souffrance, en 6 mois il sorti de la rue ! Nous le visitions régulièrement, Emmaüs s’occupait de ses papiers et la mairie le logea dans un appartement refait à neuf. Elle lui offrit aussi, après qu’il se soit remis sur pieds (soin dentaires, physique etc.) un emploi dans les espaces verts : son rêve ! Aujourd’hui, il réapprend la « normalité » de nos vies, en continuant de soigner son corps et son cœur… un cœur de bohème.
Jésus est son nouvel ami.
Nombre de rencontres à la rue nous ont bouleversé, parfois jusqu’à en pleurer.
Au café Social que noustenons, nous partageons un peu d’amitié autour d’un repas, de jeux et d’activités. Nous fêtons les anniversaires, Noël, l’épiphanie et essayons de garder un esprit familial, chaleureux. Nous accueillons des athées, des musulmans, des personnes de « culture » chrétienne mais sans grande connaissance et pratique.
Petit à petit, les discussions se font plus profondes et le thème de Dieu, de Jésus arrive parfois. « A Deux Mains » sans le vouloir a souvent été un pont entre l’Église, Dieu et les plus souffrants.
Nous n’imposons pas de discussions religieuses, pour n’offenser personne ; mais à l’écart, les gens désirent parler de ce qui nous anime, de notre foi.
Ainsi, devant le tabernacle nous avons aussi pu prier avec certains et avons vu le Saint-Esprit venir visiter avec puissance des personnes. Bouleversées par cette nouvelle rencontre du Christ, certains entâmes une démarche de baptême ; d’autres sont soulagées physiquement.
Une autre personne, après avoir parlé de Jésus avec elle dans ma voiture et prier pour elle, a l’air d’avoir été délivrée de l’alcoolisme selon ses dires, a donné sa vie à Jésus, et s’est faite baptiser ! Nous essayons de vivre des moments fraternels simples et laissons le Saint-Esprit provoquer les échanges sur la foi. Nous essayons juste d’y ajouter, lorsque cela se produit, une prière concrète de foi, avec la certitude que Jésus fait le reste…
En plus, lorsqu’il nous manque des bénévoles ou des denrées, j’entâme une neuvaine à Ste Thérèse de Lisieux et elle fait le nécessaire auprès du Christ : c’est étonnant, à plusieurs reprises l’aide arrive dans la semaine qui suit…
«En ce temps-là, Jésus prit laparole :
«Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos.
Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur,
et vous trouverez le repos.
Oui, mon joug est facile à porter, et mon fardeau, léger. »
(Mt. 11, 28-30).
Le service et la fraternité, la prière et l’annonce de l’évangile dans le respect de chacun, ont mis un feu en nos cœurs. L’amour, le service des souffrants, appelle l’Esprit du Seigneur ; fidèlement, il aide à rencontrer Jésus. Et Jésus prend nos vies en mains, nos problèmes, nos êtres : Il le fait réellement, avec patience, amour et puissance !
Il est le chemin, la vérité et la vie en abondance…Et nous sommes tous précieux à ses yeux.
Il attend notre foi. Invitonsle avec conviction, patience et audace, et aimons, encore et encore les gens et ce monde qui ne connait pas « Celui qui aime », Lui qui est la source du bonheur.
« C’est à l’amour que vous aurez entre vous que l’on reconnaîtra que vous êtes mes disciples…»
dit Jésus (Jn 13 v. 35).
Que la nouvelle évangélisation nous fasse témoigner et nous entraîne à construire une civilisation d’amour, de service. Alors Dieu pourra faire luire « le Soleil de Justice - le Christ - dont les rayons font germer la guérison » : « Il sera tout en tous », « car Dieu est Amour ».
“ On ne peut rester en vie coûte que coûte.
Ce qui compte c’est comment l’on reste en vie ”
(Christian de Chergé prieur de l’Abbaye de Tibhirine, en Algérie, assassiné avec 6 moines, le 21 Mai 1996).
Didier Magne